jeudi 2 février 2012

L'amas


Qui avait la clé? Je cherchais à qui j'avais bien pu la donner. Dans mes mains, l'eau perlait. La peur creusait mon ventre. Pour aucune raison, j'étais paralysée sur le seuil. Incapable de pénétrer dans ce qui était devenu ma prison.

Il faut dire que ne sortais plus souvent. Seulement quand c'était vraiment nécessaire. C'était trop pénible. Je ne voulais pas de témoins. Que personne ne voit où je m'étais confinée.

Ma main tourna enfin la poignée et je poussai la porte. Il y avait comme une odeur. Mon odeur sans doute, qui me rassura un peu. Un chat passa, me jetant un regard indifférent.

Je me frayai un chemin entre les objets. J'observai mon environnement. L'angoisse commençait à se dissiper. J'oubliais peu à peu comme tout était linéaire, dehors. Comme une rue sans fin. J'avais horreur de voir l'horizon. D'être comme à découvert.

Je rejoignis mon fauteuil. Enfin. Je craignais qu'on m'ait suivie.

S'il fallait que je sorte à nouveau, il faudrait songer à mieux me protéger. Ils guettaient, dehors, ils attendaient. Ils viendraient sans doute. Ils viendraient me dire de partir. Ils viendraient m'apprendre à vivre.

Au milieu des amas d'objets qui s'écroulaient, je me sentais à l'abri. Ils disaient que c'était sale, infecté. Que je devais jeter et nettoyer. Mais tout ça m'appartenait. Ils n'avaient aucun droit. C'était chez moi.

J'entendis des bruits, dehors. Ils y étaient. Ils voulaient s'en prendre à moi. À mes choses. Comment pouvaient-ils comploter ainsi contre moi? Mes propres enfants. Ils voulaient ma maison. Ils voulaient ma peau.